La découverte de la fraude de 2,3 milliards de dollars réalisée par Kweku Adoboli, courtier de la salle de marchés Delta One de UBS à Londres, relance une polémique sur l’utilisation des produits dérivés. Deux promoteurs réagissent à la remise en cause des ETF.

NON

orLes ETF connaissent un succès grandissant partout dans le monde. Lyxor, filiale du groupe Société Générale, a lancé son premier ETF en 2001. Les ETF de Lyxor représentent plus de 75% des volumes échangés à la Bourse de Paris.
Le succès de ces produits, auprès des institutionnels et des particuliers, est un gage de leur utilité. Leur négociation en Bourse, comme une action, et leur liquidité sont appréciées des investisseurs qui bénéficient d’une exécution quasi instantanée. Les ETF de lyxor sont des produits d’investissement sûrs et transparents, conformes à la directive OPCVM. Lyxor utilise pour tous ses ETF la méthode de réplication dite « synthétique ». Celle-ci consiste à acheter un panier de titres de même nature que celle de l’indice répliqué – par exemple d’actions pour un indice actions – puis à conclure un contrat d’échange (on parle de swap) avec une contrepartie bancaire. Cette technique garantit à l’investisseur une réplication parfaite de l’indice que la banque contrepartie swap s’engage à verser. Certains pointent du doigt cette technique, souvent par méconnaissance, et soulignent le risque de défaut de la banque contrepartie. C’est oublier que, réglementairement, la société de gestion doit veiller à ce que ce risque soit limité à 10% au maximum de la valeur de tous les actifs détenus par le fonds. Et que, en pratique, Lyxor applique des règles de gestion quotidiennes encore plus prudentes pour maintenir ce risque proche de 0%. Enfin, c’est omettre que les ETF en réplication physique prêtent souvent les titres détenus afin d’optimiser leur gestion, ce qui implique aussi risque de contrepartie.
La transparence est complète sur les ETF de Lyxor : nous publions chaque jour sur Internet la liste des titres détenus par chaque tracker, la valeur résiduelle et les contreparties du swap (Société Générale pour ce qui nous concerne). En conclusion, rappelons que les ETF sont des outils permettant un accès facile et à moindres coûts à toutes les classes d’actifs. Pour un particulier, c’est la possibilité de diversifier simplement son portefeuille. La véritable question qui se pose à l’investisseur est celle du choix du bon indice, celui qui délivrera l’exposition recherchée.

OUI

Nous ne voyons pas l’intérêt systématique de la réplication synthétique. Au contraire, dans un ETF investi en titres physiques, la simplicité domaine. Un ETF qui réplique l’Eurostoxx 50 est simplement investi dans les cinquante actions de l’indice.
C’est plus naturel et surtout cela n’introduit pas de risque de contrepartie, contrairement au swap. En termes de transparence et de visibilité, le physique est largement préférable. Autre avantage de la réplication physique, pour les fonds traditionnels comme pour les ETF, elle permet de bénéficier des revenus éventuels du prêt de titres. Chez iShares, nous réinjections dans l’ETF 60% des revenus générés, ce qui allège d’autant leurs frais de gestion et produit des écarts de performance très faibles par rapport à l’indice, au plus grand bénéfice du client.
Toutefois, il est concevable qu’un ETF fasse courir un risque de contrepartie s’il donne accès à un indice inaccessible avec des titres physiques cotés, par exemple des matières premières, ou procure un avantage fiscal. Tel est le cas des ETF d’actions internationales éligible au PEA : lorsqu’un investisseur en achète, face au risque de contrepartie, il peut bénéficier de la niche fiscale du PEA. Dès lors, chaque investisseur doit juger si la rémunération obtenue compense le risque de contrepartie de l’ETF synthétique. En revanche, je ne vois pas l’intérêt d’une réplication synthétique pour gérer des ETF obligataires, notamment ceux qui ne comportent que dix à quinze émissions et sont donc facilement gérables avec les titres physiques. Nous militons pour une meilleure transparence de la classification des ETP : indiquer s’il s’agit d’un ETF, d’un ETC ou d’un ETN. Il faudrait de plus que les promoteurs précisent le mode de gestion de leurs ETF afin que chaque investisseur puisse choisir son risque. Nous nous interrogeons aussi sur les produits à effet de levier et produits inverses car ce ne sont plus réellement des produits de placement à conserver longtemps en fond de portefeuille. Ces ETF sont des produits compliqués, au fonctionnement peu compréhensible. Un incident sur ces produits nuirait à l’image des ETF traditionnels et moins compliqués.

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