Sait-on jamais. Avec un peu de chance, les noms des gagnants du grand concours de la FM seront publiés dans le Journal Officiel avant le 10 mai. Enfin ! Le phénomène des radios libres a explosé depuis maintenant deux ans, à la faveur d’un retournement de veste de l’électorat. Les autorités ont mis beaucoup de temps à le digérer et à le réglementer, sans toutefois le maîtriser. Heureusement, elles n’ont pu ni le contrôler, ni le freiner. Les résultats de la première enquête du Cesp pour 1983 le prouvent. Ils confirment la poussée des radios locales privées, comme on dit. La catégorie qui les réunit avec Sud-Radio et avec toutes les stations FM de Radio France et de RMC obtient 20,9 % en audience cumulée, contre 17,7 % en novembre 1982. Soit plus de 8 millions d’auditeurs. Tous les chiffres (quart d’heure moyen, durée moyenne d’écoute, etc.) concordent. La hausse est très nette. A force de minimiser l’impact de leurs concurrents et de se moquer de leur non-professionnalisme, les vieilles grandes ondes enregistrent une désaffection d’une bonne partie de leurs «chers-z-auditeurs ». Le processus est enclenché. Rien ne l’arrêtera. Même pas l’absence de publicité. C’est un coup bas du gouvernement, mais la pub est paraît-il suspecte. Alors on l’interdit, tout en autorisant les pots de vin. Ne fermons pas les yeux, les stations doivent survivre. Et toutes les ficelles sont bonnes à tirer. Aux Etats-Unis, on retire une licence d’émission pour moins que ça. La récente campagne pour les municipales a positionné ces nouvelles antennes non homologuées légalement comme des médias à part entière. Et ce malgré les cris de « halte à la concurrence sauvage » de certains. Des clubs de la presse et l’association des journalistes sportifs refusent ainsi aux nouveaux le statut de collègues. C’est mesquin. Mais trop tard, les politiciens professionnels n’ont pas ce genre de réticences. Ni aucune morale d’ailleurs. Des cellules régionales ou locales de tous les partis ont offert, à certaines radios, des sommes rondelettes pour faire parole-basse sur leurs informations. prixDans la région de Rouen, les enchères sont montées à 500 000 F. Et en liquide. Des stations ont refusé, quelques-unes non. Municipales toujours, mais cette fois on inverse les rôles. A Montpellier, une station a réclamé 4 000 F à chaque candidat pour le faire bénéficier d’une interview. Pour les frais divers, sans doute. Tricher n’est pas jouer. Mais sans sponsors, il est difficile d’exister et de continuer. Loin des petites magouilles de la politique, les animateurs, qui ne bénéficient pas du soutien d’un parti, d’une municipalité, d’un syndicat, d’une mutuelle, d’un lobby religieux, d’un journal ou même d’un mécène, en sont réduits à frapper à toutes les portes ou à combiner des montages plus ou moins complexes. On prétend dans les couloirs des maisons de disques et dans les allées de la FM que la plus tonique des radios disco parisiennes est payée pour la diffusion de certains disques. Cette forme de dessous de table existe des producteurs l’ont rencontrée. A Paris et en province. Dans la région de Tours, c’est une banque nationalisée qui a offert la belle voiture émettrice qui fait la fierté d’une station. Conséquence, celle-ci a créé une nouvelle émission. Elle s’adresse au monde rural. Inutile de vous préciser la nature des conseils et des propos de la rubrique économique, même si le nom de la banque n’est pas mentionné. Ailleurs des publicités se déguisent avec le costume «infos locales». La méthode n’est pas très crédible, ni discrète, surtout lorsque l’animateur de service toussote systématiquement avant chaque spot, pardon bulletin. Histoire de lancer un clin d’œil sonore, peut-être ? Des messages trop voyants ont placé des candidats à la dérogation comme Radio Vallée de Seine et Béarn n° 1, dans le clan des exclus. Le groupe publicitaire NCK, lui, pratique déjà la prospection pour ses clients par voie de courrier. Quant à l’apéritif Get 27, il organise un grand prix de la radio libre qui porte son nom. Pour y participer, chaque candidat doit diffuser plusieurs fois par heure un indicatif fourni sur cassette. Il annonce évidemment le concours avec une mise en valeur de la marque qui le sponsorise. C’est ingénieux. Pour l’instant la haute autorité ferme les oreilles. Elle ajoute ainsi un peu de confusion à celle qui agite déjà la FM. Il devient difficile de tracer la frontière entre une certaine forme de publicité et un type de mécénat. Toutes ces confusions, toutes ces magouilles n’améliorent pas la qualité des émissions. A Paris, la FM ronronne ou se saborde. L’élan et l’originalité des débuts ont disparu. Le bénévolat a usé les troupes. Cette stagnation devrait se dissiper dès que les mariages obligatoires seront consommés et les programmes parfaitement structurés. Et surtout dès que la situation légale sera enfin éclaircie. C’est la prochaine étape.

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